André Orléan
Directeur de recherche CNRS, EHESS
À ma connaissance, le M2 du Master IES est, pour ce qui est de la discipline économique, l’unique M2 authentiquement pluraliste de la région parisienne, par quoi il faut comprendre une formation intellectuelle qui ne craint pas le débat entre paradigmes mais, tout au contraire, le favorise. Ce choix du pluralisme n’a pas prioritairement pour origine une raison morale, mais bien une raison pédagogique et épistémologique : il n’est pas de meilleure manière de comprendre en profondeur une argumentation conceptuelle qu’en la comparant à ce qu’elle n’est pas, contre quoi elle a été pensée. C’est ensuite à l’étudiant de se faire sa propre opinion. Mais notons que les convictions acquises au terme de ce processus sont d’autant plus solides qu’elles reposent sur une pleine connaissance des alternatives qui n’ont pas été retenues. On est alors bien plus armé pour les défendre et les approfondir. En conclusion, le pluralisme forme des économistes qui, parce qu’ils ont été confrontés à la pensée économique dans sa diversité, ont l’esprit plus large et plus ouvert et sont mieux à même d’innovations conceptuelles. Ils ne sont pas si nombreux.